IV - La famille réunie
Arrivée d’Etéocle, de Polynice, d’Ismène, d’Hémon. Joie des retrouvailles, mais le ton de la réunion s’assombrit rapidement. La situation est grave. Créon, le père d’Hémon qui, depuis la disparition d’Œdipe, exerce de fait le pouvoir, se comporte en despote. Polynice a imaginé une stratégie pour mettre fin à la tyrannie, il a obtenu d’une cité voisine une troupe de soldats pour intimider Créon. Il est prévu qu’à la nuit tombée elle campera sous les remparts de la ville. La manœuvre réussira-t-elle ? Rien n’est moins sûr. La peur s’empare de chacun, d’Antigone en particulier qui, familière du pire, craint le pire. A la nuit tombée, tous se retirent laissant Antigone seule.
Entrée (par la porte de gauche) d’Ismène qui silencieusement embrasse, d’abord Antigone, puis Lémonie,- puis Kukla, qu’en s’asseyant elle retiendra affectueusement près d’elle en la tenant par les épaules.
Antigone : (Joyeuse, à Ismène) Chérie !
Immédiatement après, toujours par la porte de gauche, entrée d’Etéocle :
Lémonie : (Esquissant une gracieuse révérence et s’adressant à Kukla) Kukla ! Lui, c’est le roi, fais-lui une gentille révérence !
Kukla, quittant Ismène, fait une révérence un peu maladroite à Etéocle avant de revenir vers Ismène
Etéocle : (après avoir embrassé Kukla) Approche-toi, ma Lémonie, donne-moi un baiser ! Ma plus que sœur ! (ils s’embrassent).
(Il embrasse ensuite Antigone) Chérie ! (puis Ismène) Ma toute petite !
Entrée de Polynice par la porte de droite avec des précautions de conspirateur : Antigone se précipite vers lui pour l’étreindre.
Antigone : (criant joyeusement) Polynice ! Aaaaaa ! Toi alors ! Tu nous as bien laissés tomber ! Mais tu es là !
Polynice : Oui ! Je suis là ! Je suis là !
Antigone : (l’étreignant) Ooooh !
Etéocle : (de joie, quittant Ismène et Lémonie) Et le voilà, lui ! Tu as pu venir ! Comme je me suis inquiété pour toi. Les dangers du voyage d’abord, et ton entrée secrète dans la ville ! Personne ne t’a vu au moins ?
Polynice : (tenant toujours Antigone sous son bras) Non, personne !
Etéocle : (inquiet) Tu en es sûr, parce que Créon... Il a des espions partout !
Polynice : (facétieux) Je sais, mais je connais un chemin que ses espions ne connaissent pas.
Etéocle : (gaiement) J’imagine que c’est le chemin que nous empruntions quand nous étions enfants pour surprendre les sentinelles qui gardaient les portes... en ronflant !
Polynice : (Cri ! riant et imitant l’enfant qui fait une blague aux sentinelles endormies) Alerte ! Alerte !
Etéocle : Tu te souviens du gros garde qui voulait nous attraper pour nous tirer les oreilles ?
Polynice : (riant) Et Antigone qui lui faisait des grimaces !
Antigone : (joyeusement) Je voulais...
Polynice : Montre voir les grimaces que tu lui faisais !
Antigone : (gaiement mais comme intimidée) Je me souviens plus !
Etéocle : S’il te plaît ! C’était comme ça ? (il fait maladroitement quelques grimaces)
Antigone : (joyeusement) Mais non ! Pas du tout ! Comme ça ! (elle fait toute une série de grimaces ponctuées d’onomatopées très amusantes...) Je voulais pas qu’il vous coure après ! J’ai réussi… Et c’est à moi qu’il a tiré les oreilles !
Etéocle : Et pendant ce temps-là, la courageuse Lémonie qui se cachait derrière la sentinelle...
Lémonie : (riant) Je ne me cachais pas. La sentinelle... c’était mon oncle ! Oncle Achille !
Etéocle : (amusé) Il s’appelait Achille !!!
Lémonie : Achille ! Oui ! Ah ça, il était fort ! Et en plus, fallait voir quand il se mettait en colère !
Etéocle : Ça ! On l’a bien vu ! Et pas qu’une fois !
Polynice : Ah... Tous ces souvenirs... Quelle merveille !
Etéocle : Mais raconte ! Et maintenant ? Tu es heureux, là-bas, avec ta femme. ? On la dit charmante...
Polynice : Nostalgie mise à part, et mis à part aussi le fait que vous me manquez, oui. Je suis heureux !
Etéocle : Et comment ça va avec ton beau-père, Adraste ? Est-ce qu’il est aussi sévère qu’on le dit ?
Polynice : Il l’est, mais il est aussi sage et juste.
Etéocle : C’est courageux ce que tu fais, d’avoir accepté de venir ici avec toute une escorte militaire pour intimider Créon ! Vraiment je t’admire. Où est-elle, d’ailleurs, cette escorte ?
Polynice : Dans la forêt, à une heure de marche d’ici.
Etéocle : Elle est assez nombreuse pour faire l’effet que nous attendons d’elle ?
Polynice : Je le pense. En tout, sept cents hommes. Car figure-toi, sept cités, dont Argos, ont contribué à former cette troupe. Je t’explique le plan ! L’idée, c’est d’avancer et de camper cette nuit sous les murs de Thèbes. Cent hommes devant chacune des sept portes de la ville, Bivouacs avec flambeaux ! Pour impressionner. Et demain, comme convenu, procession : « ... Laissez entrer nos ambassadeurs ! » : Grande conférence de la paix ! Et pour finir, liberté pour tous et signature d’un traité en bonne et due forme !
Ismène : (ton insistant de qui veut être écouté) Polynice !
Etéocle : A mon avis il comprendra vite qu’il n’a pas le choix !
Ismène : Etéocle !
Polynice : C’est certain ! Mais c’est quand même fou, quand on y réfléchit, qu’il faille recruter toute une armée pour convaincre un seul homme.
Etéocle : Eh oui… Qu’est-ce que tu veux… Il y a des gens qui sont vraiment bizarres…
Ismène : Polynice !
Polynice : Ah oui, Bizarres, comme tu dis. Mais toi, de ton côté, tu en es où ? Qu’est-ce que tu as fait ?
Etéocle : Mis à part prévenir Créon de la conférence de demain, pas grand-chose. Tu vois, ces bracelets royaux... Des menottes ! Je suis son prisonnier. En fait, je suis totalement impuissant. Attends ! L’autre jour, il a décidé de lever un impôt sur le blé. Tu imagines ça ? Une taxe sur les grains alors que la ville ne s’est pas encore remise de la famine ! Eh bien, impossible de lui faire comprendre que c’est de la folie. Et il faut écouter ses arguments !
(contrefaisant, on le comprend, la voix de Créon)
« Le bonheur des cités, c’est un Etat fort, et un Etat fort, ce sont des coffres pleins » : « Tu verras ! L’avenir me donnera raison. Mais en attendant, il faut gouverner d’une main de fer ! » Et puis dans le genre sympa : « Faut pas être une fillette comme toi ! » En attendant, on est au bord de l’explosion ! Certains de nos amis d’autrefois parlent d’insurrection... Je dois dire que je les comprends. Enfin bref, on discutera de tout ça avec Créon et les autres. Demain ! Quand tu viendras avec tes émissaires.
Ismène : Etéocle !
Polynice : (confiant) Oui, demain ! (après une nouvelle accolade à son frère, se tournant vers ses sœurs, ton joyeux). Mais je n’en reviens pas, quelle joie de nous retrouver tous ! Antigone, Lémonie, toi, Ismène… (il tend les bras et tous s’approchent de lui pour former une sorte de ronde)...
Antigone : (joyeusement, dansant presque) Et ensuite tu nous reviendras ? Avec ta femme ? C’est ça que tu feras ? C’est ça ?
Polynice : (convaincu) Mais oui, c’est bien ça ! C’est exactement ça ! (tendre) Mes petites sœurs, mon frère chéri ! Quelle joie ! (à Antigone) Mais… tu pleures !
Antigone : Je suis heureuse !
Etéocle : On s’assoit ?
Polynice : Les chaises ! Si on…
Antigone : Oh oui ! Et c’est Lémonie qui va chanter
Etéocle : (enthousiaste) Moi, je suis prêt, venez !
Lémonie : D’accord, mais on prend quoi ? « Le petit chat » !
Etéocle : Tu ne trouves pas qu’on est peu grands pour « le petit chat » ?
Antigone : Alors : « Je t’aimerai si tu veux bien… » C’est celle que je préfère !
Lémonie : Et ce sera Kukla qui…Viens Kukla. Ecoute-moi bien ! Tu me laisses chanter un peu et tout d’un coup tu cries « OUI ! »
Polynice : Bon ! Prêts ? Tous : Oui … prêts … On y va !
(Lémonie chante tandis qu’Antigone, Polynice et Etéocle, mais non Ismène, restée un peu en retrait, tournent en désordre autour des chaises)
Lémonie :
« Je t’aimerai si tu veux bien
« Tu m’aimeras si tu veux bien
« Mais viens t’asseoir tout près de moi
« Si tu le veux et si tu PEUX ! …
« Je t’aimerai si tu veux bien
« Tu m’aimeras si tu veux bien
« Mais viens t’asseoir…
Kukla : OUI ! (tous s’asseyent en grand désordre, riant aux éclats, sauf Ismène, restée triste et en retrait, mais qui s’assied, elle aussi, avec retard et comme à regret)
Lémonie : (admirative) Tu vois, ma petite Kukla ? Ça, c’est une vraie famille !
Ismène : (fort) Polynice !!!
Polynice : (plaisamment) Généralement, au jeu des chaises, il en manque une. Mais ici, il y en a une de trop ! Elle était pour qui celle-là ?
Antigone : (fièrement) Pour Hémon ! Il m’a prévenue qu’il serait en retard.
Polynice : (surpris) ; Hémon ! Tu l’as invité ?
Antigone : (protestant gentiment) Hé ! Ho ! C’est le fils de Créon, c’est vrai, mais c’est notre cousin ! Et en plus, bah… c’est mon amoureux !
Polynice : Ton fiancé ! On m’a dit ça. Et... tu l’aimes ?
Antigone : (fièrement) Oui je l’aime ! Si tu savais comme il a besoin de moi. Un vrai bébé. Mais bon, avec le père qu’il a… Il a beaucoup de mal à se dégager de l’influence de Créon. Il a tellement d’admiration pour lui... Mais il est à moi, et moi, je suis à lui !
Polynice : Et Créon ? Il est d’accord pour vous deux ?
Antigone : Il l’était ! La fête qu’il nous a faite quand nous lui avons dit que nous voulions nous marier... Mais ça, c’était l’année dernière.
Polynice : Et maintenant ?
Antigone : Il me parle plus. Il me regarde plus. Comme si j’existais pas. Quand mon regard croise le sien, ce sont des yeux mauvais que je vois. Oui, mauvais ! Je lui ai rien fait pourtant ! Mais voilà Hémon !
Entrée d’Hémon. Air de conspirateur. Il se dirige vers le groupe et vers Antigone qui lui tend les bras.
Antigone : (Cri joyeux, se portant rapidement vers lui) Hémon !!
Hémon : (Joyeusement tout en embrassant Antigone) Mes amis !
Polynice : (Joyeux, s’approchant d’Hémon) Alors tu es avec nous ?
Hémon : Comme toujours ! J’ai toujours été avec vous et je le serai toujours. Tu es mon frère Polynice, mon frère de lait et mon ami, mon meilleur ami, depuis toujours, tu le sais.
Polynice : Embrasse-moi !
(Tous forment alors un groupe compact et joyeux)
Polynice : (sérieux, à Hémon) Nous disions, avant ton arrivée, notre inquiétude. Ton père...
Hémon : Je sais ! Je ne suis pas aveugle. Ces mesures répressives, ces espions, cette atmosphère de délation, partout ! Et puis ces impôts ! J’essaye de le conseiller, mais rien à faire. Il ne m’écoute pas. C’est vraiment incompréhensible parce que, dans le fond, il pense comme nous. Lui aussi, il veut la paix, la prospérité et la liberté ! Mais il est d’un nerveux ! Il croit que tout le monde en veut à sa vie, alors il a peur de tout le monde... Même de vous ! Il a peur de vous deux. Qu’est-ce qu’il dit déjà ? Ah oui ! Il dit que vous êtes des idéalistes dangereux.
Etéocle : Nous ! Attends ! C’est plutôt lui ! Il a complètement perdu le sens des réalités !
Hémon : En fait, il m’a expliqué que sa politique actuelle est provisoire. Il dit qu’après, quand tout sera revenu à la normale, il se retirera à la campagne pour s’occuper de ses chèvres et de ses oliviers et qu’il vous laissera gouverner. Quand j’essaye de le rassurer, il ricane. Tout à l’heure, il m’a encore dit quelque chose qui m’a vraiment blessé. Il m’a dit : « Je devrais aussi me méfier de toi !» Ça m’a fait beaucoup de peine.
Etéocle : Il sait que tu es ici, avec nous ?
Hémon : Bien sûr que non ! Pour ne pas éveiller ses soupçons, je lui ai promis de le rejoindre dans... quelques instants, le temps...
Polynice : ...d’aller au cabinet ! (rires)
Hémon : C’est à peu près ça ! D’ailleurs, il faut que j’y aille !
Polynice : Où ? Au cabinet ? (rires)
Hémon : Non, voir mon père !
Ismène : (criant presque) Polynice ! Etéocle ! Ecoutez-moi ! Vous ne m’écoutez jamais !
Etéocle : (remarquant enfin sa sœur) Chérie ! On ne t’écoute jamais parce que tu ne dis jamais rien !
Ismène : Eh bien maintenant je vais parler ! J’ai peur pour vous deux, mes frères, parce que même si vous ne le voulez pas, vous vous trouvez chacun dans des camps ennemis !
Etéocle : (protestation affligée) Mais nous ne sommes pas des ennemis, tu le sais bien, et nous ne pouvons pas l’être. C’est impossible !
Ismène : Oui, mais Créon. Il fait courir le bruit...
Polynice : (inquiet) Quel bruit ?
Ismène : (à Polynice) ... Que tu es venu avec une armée ennemie pour prendre de force la royauté qu’Etéocle te refuserait, contrairement à la convention qui veut que vous régniez tour à tour, un an chacun. Il dit que cette nuit même il y aura la guerre et que la conférence que toi et tes amis d’Argos proposez est un piège ! C’est ça ce qu’il a dit tout à l’heure. Je l’ai entendu !
Etéocle : (choqué) Il a dit ça ? Mais je ne refuse rien moi ! C’est Créon qui refuse le trône à Polynice, pas moi !
Ismène : (à Polynice) Il dit que tu es un agent de l’étranger !
Polynice : (troublé) Il verra bien, demain, à la conférence, il va forcément se rendre compte ce qu’il en est réellement de tout ça !
Etéocle : J’en profiterai pour lui dire, devant tout le monde, que c’est ton tour d’être roi comme Œdipe en avait disposé !
Polynice : (ironique) Ben voyons ! Il sera bien obligé de se soumettre. Il se jettera à mes pieds ! (rires faussement amusés) Mon Ismène, rassure-toi ! Il n’y aura pas de guerre. Personne ne veut la guerre. Tout le monde veut la paix. Mais ça, Créon ne le sait pas. C’est un secret qu’on garde pour qu’il ait peur.
Ismène : (protestant) Mais il n’a pas peur, lui ! C’est moi qui ai peur ! Oui, très peur ! (ton pieux) Oh, il faut prier les dieux, qu’ils interviennent pour que tout se passe bien !
Antigone : (se rapprochant de ses frères et d’Ismène) Prier les dieux ?
Ismène : Oui, les prier !
Antigone : (avec émotion) Pour qu’ils interviennent ? Tu crois ? Faut les prier, c’est vrai, Mais pas pour qu’ils interviennent ! Parce que, ça irait pas vraiment mieux, Je veux dire, s’ils intervenaient. Vous pensez pas ? Faut les prier, c’est sûr. Et faut les respecter. Il y a des choses qui s’arrangeraient, peut-être, Si on les respectait un peu plus ! Vous croyez pas ?
(temps de silence assez long où tous les personnages semblent méditer la gravité des propos d’Ismène et d’Antigone)
Etéocle : Prier les dieux ! Oui, c’est juste ! Mais ne vous inquiétez pas, tout ira bien !
Polynice : (ton grave) Tout ira bien ! Evidemment, pas comme ça, tout seul. Soyons réalistes ! Il y aura des tensions, des rebondissements peut-être, (ton faussement enjoué) mais c’est bien normal, et ça ne veut pas dire... (silence)
Antigone : (avec une grande émotion) ... que ça va pas marcher ?
Polynice : C’est ça ! On a quand même tout bien prévu ! (à Etéocle) Pas vrai ?
Etéocle : Oui, tout !
Antigone :
Et ça va marcher !
Ça va marcher !
Oh oui ! Je le crois de tout mon cœur !
(anticlimax, courte pause)
Mais…
Mais, j’ai quand même peur, moi aussi !
Quand même ! Moi aussi !
Moi, qui voudrais tant que ça marche !
Qui voudrais tant vous voir heureux !
Tous ! (regardant chacun) Tous, et aussi toi, Hémon !
Oooooo !
Eh bien… j’ai peur… parce que…
Moi qui crois que tout va toujours s’arranger !
De toute ma vie,
J’ai jamais rien vu qui s’arrange !
Et c’est pour ça que j’ai peur !
Parce que tout, toutes les choses, toutes !
Toujours, je les ai vues,
Aller, toujours, vers le pire !
Ooooo !
Lémonie et Hémon, inquiets, se rapprochent d’Antigone
Lémonie : Chérie ! Tout ira bien, tu verras !
Antigone :
Oooo, j’ai peur pour toi, Etéocle.
Et pour toi Polynice.
Pour vous deux, Etéocle et Polynice !
Et j’ai peur pour toi, Hémon ma vie, Hémon, mon Hémon !
J’ai aussi peur pour toi
Ismène ! Petite Ismène chérie,
Ma petite sœur à moi ! Si douce, oh si mignonne !
(pause)
Et puis pour moi aussi, j’ai peur !
(pause)
Moi ? Je suis rien !
Ni un danger, ni une menace,
Pour personne !
Pour vraiment personne !
J’ai peur que quelqu’un veuille,- quand même,-
Me faire du mal.
Pour rien.
Pour vraiment rien.
(comme autant d’appels au secours)
Etéocle !
Polynice !
J’ai peur !
J’ai vraiment peur de cette nuit qui vient !
(pause, ton angoissé, proche des larmes)
Mais voyez !
Regardez !
Oooooo ! Elle est là !
La voilà,
La nuit !
Là !
Ooooo !
Etéocle et Polynice s’approchent à leur tour d’Antigone dans un mouvement d’affection inquiète : pause.
Hémon : (impressionné, pour rassurer) Il y a nous deux, n’oublie pas, nous sommes tous les deux, ensemble.
Antigone : Ensemble, oui ! Tous les deux, pour de vrai ! Oui, ensemble, vraiment ! Tu as raison !
Polynice : Oui, il y a vous deux. Et je le vois. Vous êtes invincibles.
Etéocle : Invincibles ! (Tous deux embrassent leur sœur)
(gravement) Mais maintenant, chérie, nous devons partir. Il est temps.
(Tous se quittent s’étreignant, se chuchotant des mots d’adieux ou d’encouragements que l’on entend à peine. Kukla et Lémonie partent en derniers, comme à regret. Elles envoient à Antigone des baisers de la main... Hémon reste seul avec Antigone.)
Hémon : Si je restais ? Je veux rester avec toi !
Antigone : Oui !
Mais pas maintenant. Ton père ! Tu sais bien !
Maintenant, c’est impossible.
Plus tard, parce que c’est impossible maintenant.
C’est demain que notre temps d’être ensemble
Va vraiment commencer
Va maintenant !
Demain !
Tu verras !
Allez !
Va !
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